Quid de la promesse présidentielle ? Les lycées professionnels offerts aux régions

mardi 9 mai 2017
par  Sud Education CA

Depuis plus de 60 ans, les personnels des LP, Sep, Segpa et Erea assurent en France l’enseignement professionnel initial sous statut scolaire, au sein du ministère de l’Éducation nationale et de celui de l’Agriculture. Ils et elles revendiquent l’égale dignité entre cette voie professionnelle et les deux autres voies générale et technologique du lycée, pour leurs élèves (1/3 des lycéen-nes) comme pour eux-mêmes.

De réforme en réforme, l’enseignement professionnel est mis en cause et dévalorisé

Pour rappel, voici une liste des différentes réformes qui ont eu une influence néfaste sur l’enseignement professionnel :
• Décentralisation acte I : aux régions sont transférés l’apprentissage, la formation professionnelle ainsi que la construction, l’aménagement et l’entretien des lycées.
• Décentralisation acte II : transfert de la carte des formations. Pour satisfaire les régions, accepter l’ouverture et la fermeture des sections de formation revient à livrer le service public au bon vouloir des entreprises avec des choix de financement de sections pouvant pénaliser des territoires (appauvrissement de la carte des formations, inégalités entre les régions, suppressions de postes et fermetures de sections en LP ou transformations en CFA, vœux d’orientation des élèves non respectés).
• Réforme du Bac Pro : passage au Bac Pro 3 ans pour faire l’économie d’une année de formation, suppressions de postes, suppression du BEP, augmentation du nombre de semaines de formation en milieu professionnel, évaluations en CCF.
• Lycée des métiers et des qualifications : regroupement de sections dans un même lycée, fermetures de sections dans d’autres, obligation pour les élèves de se déplacer loin de chez eux/elles pour aller en formation, intrusion plus importante des entreprises, incitation à la mixité des publics (scolaire, apprenti-es, stagiaires) dans une même classe et au mixage des parcours [1].
• Décomposition des diplômes en blocs de compétences : c’est la dernière nouveauté. En lien avec la loi travail, elle permet de n’obtenir qu’une seule partie du diplôme (le bloc professionnel par exemple) dans le but déguisé de déqualifier les emplois, de sous-payer les salarié-es en contournant les grilles de salaires.

Deux dangers : le transfert aux régions et la place accrue des entreprises dans les formations

Le transfert, annoncé par nombre de candidats à la présidentielle, de l’enseignement professionnel à la région est l’aboutissement de toutes ces réformes. Les conséquences vont s’avérer désastreuses : remise en question du statut des PLP (annualisation du temps de travail, changement de statut de fonctionnaire d’État à celui de la territoriale), fusion des LP et des CFA, remise en cause du droit à mutation, licenciement plus facile...
Transférer l’ensemble des compétences en matière de formation professionnelle initiale aux régions revient à abandonner l’ambition d’une scolarisation commune pour tou-tes les jeunes. Les adolescent-es et jeunes adultes seront réduit-es à une fonction utilitariste si les formations proposées ne répondent qu’aux besoins immédiats des entreprises d’un territoire. Cela conduira à accentuer les inégalités régionales et à offrir des formations ne permettant pas aux futur-es salarié-es d’envisager un avenir professionnel au-delà du territoire où elles et ils/elles ont été scolarisé-es.
Le développement actuel de l’apprentissage impose aux jeunes issu-es des classes populaires un salariat précoce au détriment des formations généralistes qui garantissent un meilleur accès aux études supérieures et à l’emploi. L’échec récent des différents plans de relance de l’apprentissage révèle les réticences des entreprises à consacrer du temps à la formation. Mais l’État et les régions insistent, jetant l’argent public par les fenêtres.

Défendre l’enseignement professionnel

L’École, enseignement professionnel compris, doit demeurer un espace dédié aux savoirs et au développement de l’esprit critique dans le cadre d’un projet éducatif qui prime sur l’intérêt à court terme des entreprises privées.
Nous combattons et combattrons avec force et conviction toutes ces réformes et projets qui favorisent la mainmise du pilotage de la formation professionnelle par le patronat sans qu’il n’ait à en supporter le coût avec une mise à disposition des moyens publics matériels et humains (infrastructures, plateaux techniques, personnels et enseignant-es de formation et de recherche) et qui s’inscrivent dans le projet néo-libéral de détricotage des grilles de qualifications professionnelles au profit d’une capitalisation individuelle et « entrepreneuriale » des compétences.

D’après nos camarades de Sud éducation Calvados


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